Résumé :
La discontinuité de l’histoire du théâtre d’ombres en Europe de l’ouest témoigne de la fragilité d’une pratique qui ne parvient pas à véritablement s’implanter dans cette région du monde. Elle a pourtant suscité l’engouement de certains artistes et le succès populaire pour l’ombromanie et les jeux d’ombres domestiques perdure de la fin du XVIIIème au début du XXème siècle, tout comme le goût pour divers appareils de projection et dispositifs visuels. Le théâtre d’ombres se situe alors à la croisée de différentes pratiques (théâtre de marionnettes, spectacles bonimentés, théâtre lyrique, cinéma…) dont il se distingue difficilement avant d’être supplanté. Son indétermination formelle est peut-être une des causes de cet essor limité mais aussi de sa pérennité : l’équilibre entre espace scénique et écran, entre texte et image, que recrée chaque spectacle, en fait précisément l’attrait aux yeux des artistes.
Le corpus étudié, issu de fonds européens, permettra de documenter ces pratiques, du XIXème aux premières décennies du XXème siècle, afin d’en analyser la dramaturgie propre : comment la dimension visuelle du théâtre d’ombres, qui dialogue avec un ensemble hétérogène, populaire et savant, de représentations (jeux de silhouettes, caricatures, images d’Epinal…), est prise en compte dans les textes et la composition des pièces, dans l’adaptation de canevas dramatiques topiques et le choix des récits. L’approche historique et comparatiste servira une enquête formelle sur le langage et la grammaire originale élaborés par des artistes qui conservent le medium théâtral tout en en transformant les composantes élémentaires (le geste, la parole, les corps, l’espace…).
Mots-clés :
Théâtre d’ombres – Europe de l’ouest, Théâtre de marionnette – dramaturgie, Pré-cinéma
Dernière mise à jour : 23/03/2022